LA FIGURE DE LA MÈRE DANS LES CHRONIQUES FAMILIALES DE MARGUERITE YOURCENAR ET DE LUAN STAROVA

Abstract

Cette communication se veut complémentaire à notre étude précédemment publiée,
traitant de la figure du père dans les chroniques familiales de Marguerite Yourcenar et de Luan
Starova. Elle adoptera la même méthodologie comparative et examinera les représentations littéraires
des deux mères dans ce qu’elles ont de semblable et de divergent. Notre analyse aura pour
toile de fond une différence majeure, originelle et déterminante – la mère de Yourcenar appartenait
à la bourgeoisie aisée belge tandis que la mère de Starova venait d’un milieu traditionnel et
patriarcal albanais. Elle traitera également de la similitude, tout aussi déterminante pour l’évolution
affective et intellectuelle de ces deux femmes – restées orphelines de mère depuis leur petite
enfance, elles ont connu des « mères de substitution », des femmes de nationalité étrangère qui
ont exercé une forte influence sur leurs formations. Ces figures féminines constituaient ce qu’on
peut définir comme « la liaison germanique » pour la mère de Yourcenar et « la liaison italienne »
pour la mère de Starova. Ces lignes de ressemblance et de divergence s’entrecoupent avec des positionnements
romanesques divers que prennent les deux écrivains dans la présentation de leurs
mères respectives et que cette étude tentera d’élucider: positionnement onomastique (les noms
que les auteurs utilisent pour désigner leurs mères) ; positionnement chronologique (la retour
en arrière dans l’évocation de leurs ascendances maternelles) ; positionnement documentaire (la
façon dont ils se servent de « la poétique de la trace » pour conjecturer historiquement, par de
véridiques dates et personnes, les événements et les personnages dans leurs romans).